Intelligences Afriques http://afriqu.es PORTAIL AFRICAIN DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET STRATEGIQUE Fri, 15 Dec 2017 15:00:58 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.6.9 L’intelligence économique : une clé majeure du développement de l’Afrique http://afriqu.es/lintelligence-economique-cle-majeure-developpement-de-lafrique/ http://afriqu.es/lintelligence-economique-cle-majeure-developpement-de-lafrique/#respond Thu, 23 Nov 2017 18:24:53 +0000 http://afriqu.es/?p=1867 Comme le renseignement d’Etat au plan géopolitique, l’intelligence économique permet d’améliorer la performance d’un pays ou d’une entreprise en lui apportant une meilleure compréhension au niveau national et international de la concurrence, des marchés et de l’environnement. Cette connaissance approfondie lui donne des capacités de réaction et d’anticipation qui forment un avantage concurrentiel majeur dans ...

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Comme le renseignement d’Etat au plan géopolitique, l’intelligence économique permet d’améliorer la performance d’un pays ou d’une entreprise en lui apportant une meilleure compréhension au niveau national et international de la concurrence, des marchés et de l’environnement. Cette connaissance approfondie lui donne des capacités de réaction et d’anticipation qui forment un avantage concurrentiel majeur dans la compétition mondiale.

Depuis des siècles certains pays ont utilisé sans en parler ce concept pour améliorer leur performance. Depuis les années 80 elle est devenue un moyen incontournable utilisée par les grandes puissances et les grandes entreprises pour conforter leur leadership. Aujourd’hui c’est un passage obligé dans la conquête des marchés.  Il est donc impératif pour des pays en développement ou des entreprises émergentes d’apprendre à l’utiliser pour faire jeu égal avec leurs concurrents venus d’ailleurs. Mais ceci suppose qu’ils adaptent son approche et sa pratique. Le concept est universel mais la méthode doit intégrer les spécificités culturelles pour atteindre son efficacité maximale.

L’Afrique a été longtemps une réserve de matières premières utilisée par des sociétés ou des pays étrangers pour une transformation faite ailleurs avec pour conséquence une perte locale de création de valeur. L’indépendance économique et politique acquise au siècle dernier, la montée en puissance d’élites formées à la compétition internationale, et le développement du numérique dans le cyber espace, donnent à de nombreux pays africains l’opportunité volontariste de se faire une place sur les marchés mondiaux et de développer des productions locales pour mieux faire vivre leur population.

Encore faut-il sortir des relations simplistes, plus idéologiques que réalistes, qui prévalent encore dans une bonne partie des échanges entre l’Afrique et le reste du monde. Encore faut-il comprendre que la corruption endémique traditionnelle ou le protectionnisme économique défensif ne permet pas un développement harmonieux et équilibré.

En s’inscrivant résolument dans la compétition mondiale grâce à un taux de croissance élevée durant les 30 prochaines années, l’Afrique va gagner des parts de marché significatives grâce à sa production de matières premières minérales ou agricoles, par ses coûts de main d’œuvre, et sa capacité d’innovation. Mais cela suppose d’avoir les bonnes informations en temps utile et de savoir les exploiter pour être le meilleur, le mieux disant, ou le plus performant. Cela implique également d’apprendre à se protéger des prédateurs qui profitent des faiblesses en cyber sécurité et sur le plan légal pour s’assurer un avantage en créant un déséquilibre pénalisant les acteurs locaux.

La pratique de l’intelligence économique moderne repose sur une maîtrise réelle de toutes les étapes du processus ce qui implique la formation d’experts, l’exigence d’une coordination, et la définition précise des cibles et objectifs recherchés. Elle exige aussi la diffusion des informations utiles aux récepteurs dans les délais les plus rapides. Tout ceci ne s’improvise pas. Il est donc temps que l’Afrique se mobilise pour mettre en place pour ses états et ses entreprises des cellules d’intelligence économique qui leur apporteront les clés offensives et défensives de la compétitivité grâce à un positionnement réussi.

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Entretien croisé avec Driss Guerraoui et Philippe Clerc http://afriqu.es/entretien-croise-driss-guerraoui-philippe-clerc/ http://afriqu.es/entretien-croise-driss-guerraoui-philippe-clerc/#respond Wed, 25 Oct 2017 16:16:14 +0000 http://afriqu.es/?p=1603 Entretien croisé avec Driss Guerraoui, Président de l’Université ouverte de Dakhla et Philippe Clerc, Président de l’Association internationale francophone d’intelligence économique « Nos livres sont porteurs d’un message d’humilité et d’une ambition collective » Vous avez présenté au Souverain trois livres qui rassemblent les résultats des travaux de l’Université ouverte de Dakhla. Quel message essentiel ...

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Entretien croisé avec Driss Guerraoui, Président de l’Université ouverte de Dakhla et Philippe Clerc, Président de l’Association internationale francophone d’intelligence économique « Nos livres sont porteurs d’un message d’humilité et d’une ambition collective »

Vous avez présenté au Souverain trois livres qui rassemblent les résultats des travaux de l’Université ouverte de Dakhla. Quel message essentiel portent ces ouvrages ?

Philippe Clerc : Les trois ouvrages que nous avons remis au Souverain sont les Actes des trois premières Rencontres internationales de Dakhla organisées à l’initiative du Royaume du Maroc dans le cadre de l’Université ouverte de Dakhla, concept imaginé par le Professeur Driss Guerraoui, dont la création a été décidée en 2010 par l’Association d’études et de recherches pour le développement présidée par le Professeur Driss Guerraoui et par l’Association internationale francophone d’intelligence économique que je préside. Ses partenaires sont la wilaya de Dakhla-Oued Addahab, la région de DakhlaOued Addahab, le conseil de la ville de Dakhla et l’Agence du Sud. Mais surtout, sa création fut pensée et encouragée par les 41 experts, venus de 18 pays, réunis à cette occasion à Dakhla et repré- sentant les cinq continents. Le message essentiel que portent ces trois ouvrages, qui désormais se trouvent à la Bibliothèque royale, est un message à la fois d’humilité et de formidable ambition collective. Nous sommes partis du constat, partagé avec beaucoup, que nos organisations nationales et régionales déployaient des grilles de lecture et d’analyse du monde, de «sa grande transformation», de ses crises et de ses avancées sociales et économiques, provenant d’un monde révolu. La mondialisation et ses réseaux complexes de production, ses chaines de valeur mondiales, créent des tensions inédites dans les territoires, ces espaces qui portent les espoirs des peuples et tant de fractures sociales. Pour penser cette complexité, pour la comprendre et tenter de la dépasser, il convenait dès lors de s’interroger : comment reformuler les fondamentaux de nos boussoles stratégiques, refonder des capacités d’intelligence des situations, et cela à travers une posture d’interrogation plus que de production de solutions, un état d’esprit de découverte ? Il fallait imaginer un mode d’action fondé sur la rupture avec le passé et sur l’innovation ouverte. Il est bien là le message de nos trois ouvrages collectifs qui, faut-il le signaler, ont bénéficié tous d’une coédition marocaine et internationale. Ainsi, à travers cette démarche et à partir de ses travaux et productions, devenus de véritables outils de travail, l’Université ouverte de Dakhla s’est transformée, au fil des rencontres, en un véritable incubateur mondial. C’est à l’honneur du Maroc de le porter, de le faire vivre et de le pérenniser.

Quel bilan faites-vous des travaux de l’Université ouverte de Dakhla ?

Driss Guerraoui : Le résultat le plus important est de nature humaine, institutionnelle et straté- gique pour notre pays et son prolongement africain. Il réside dans la constitution d’un réseau international d’experts transdisciplinaires réunis au sein l’Université ouverte de Dakhla. Ce réseau international est devenu un véritable «incubateur-monde», selon l’expression du Professeur Philippe Clerc. Il est porté par ce que le Professeur Xavier Richet qualifie d’«esprit de Dakhla». Il constitue une formidable capacité de mobilisation d’intelligence collective et collaborative permettant d’aborder les questions les plus complexes et inédites, croisant mondialisation, développement local, industrialisation, crises sociales et des systèmes éducatifs, géopolitique, géoéconomie, révolution numérique, intelligence économique et veille stratégique. Seule une Université ouverte permet cette alchimie : produire un savoir collectif résolument innovant et tourné vers l’avenir, qui béné- ficie à chacun, comme ouverture à de nouvelles connaissances, de nouvelles grilles de lecture et de visions : où chacun, venu de Russie, du Chili, du Brésil, du Mexique, du Mali, du Cameroun, du Sénégal, d’Afrique du Sud, de Tunisie, du Canada, des Caraïbes, d’Hawaï, du Vietnam ou de Chine, apprend de l’autre, de ses avancées, mais aussi de ses erreurs, de ses cécités, et où les cultures se croisent et se fécondent. Ce bilan ouvre des perspectives réelles à l’Université ouverte de Dakhla en termes de consolidation et d’extension du ré- seau d’experts, de chercheurs et d’acteurs institutionnels en charge du développement de leurs territoires, en termes de contribution à la réflexion mondiale sur les grandes problématiques de notre temps et d’ancrage dans son espace originel de création, à savoir la région de Dakhla-Oued Addahab et, à travers elle, les provinces du sud du Royaume et leur prolongement africain.

Les prochaines actions et rencontres de l’Université ouverte de Dakhla s’inscrivent-elles dans cette même perspective ?

Driss Guerraoui : Oui, elles s’inscrivent dans ce même esprit. Il s’agit de la publication en novembre 2017 des travaux de la quatrième rencontre qui a porté sur «Les jeunes du monde et le développement durable, quelle contribution», l’organisation sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI les 7 et 8 décembre 2017 de la cinquième rencontre sur le thème : «la Nouvelle Économie mondiale, transformations structurelles, impacts et réponses des acteurs, expériences internationales comparées», et la tenue de la sixième rencontre au mois de mai 2018. Cette sixième rencontre revêt un intérêt particulier pour notre Université, car elle s’inscrit dans la dynamique de promotion de la coopération Sud-Sud, de la co-émergence et du co-développement au niveau de notre continent, dynamique qu’appelle de ses vœux Sa Majesté le Roi, puisque qu’elle portera sur un thème d’utilité majeure dans ce sens, à savoir «Acteurs, institutions et politiques d’intelligence économique en Afrique, expériences comparées».

Propos recueillis par B.M. dans Le Matin 

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L’Intelligence économique au cœur de Préventica international Dakar 2017 http://afriqu.es/lintelligence-economique-coeur-de-preventica-international-dakar-2017/ http://afriqu.es/lintelligence-economique-coeur-de-preventica-international-dakar-2017/#respond Wed, 04 Oct 2017 08:44:15 +0000 http://afriqu.es/?p=1541 I -LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE ET GEOECONOMIQUE Je dois, avant toute chose, saluer et magnifier, dans sa plus belle expression, le coup de génie de la Directrice de la Prévention des Risques Professionnels de la Sécurité sociale du Sénégal qui, en parfaite synergie avec son Directeur Général, clairvoyant et entreprenant, l’a soutenue de bout en bout ...

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I -LE CONTEXTE GEOPOLITIQUE ET GEOECONOMIQUE

Je dois, avant toute chose, saluer et magnifier, dans sa plus belle expression, le coup de génie de la Directrice de la Prévention des Risques Professionnels de la Sécurité sociale du Sénégal qui, en parfaite synergie avec son Directeur Général, clairvoyant et entreprenant, l’a soutenue de bout en bout pour lui permettre, dans le cadre d’un partenariat de bon aloi avec PREVENTICA INTERNATIONAL, d’arriver à la concrétisation de cette belle et salutaire initiative, «  le 1er Forum International Pour La Maîtrise Globale des Risques en Afrique de l’Ouest », organisé pour la première fois , dans l’aire subsaharien du continent africain, à Dakar, au Sénégal.

Préventica Dakar 16 3

Ce premier forum international, très certainement la plus importante manifestation du genre, au Sénégal, se déroule dans le contexte géopolitique d’un monde en grand désordre, caractérisé par la permanence de tous les risques et la montée des périls de toute sorte, en particulier, dans le continent africain qui est  à la recherche de remèdes pour promouvoir son  développement et faire face à tous ces  défis dont l’insécurité, la concurrence internationale liée à la mondialisation, et les lenteurs du regroupement sous régional qui constituent un handicap majeur pour  son intégration dans l’économie mondiale.

Les profondes mutations qu’accompagnent la montée en puissance  des blocs économiques régionaux et la mondialisation des échanges commerciaux exigent des différents acteurs, tant au niveau national que régional, des capacités techniques pour une meilleure compréhension des grands enjeux internationaux.

En effet, les décideurs publics comme privés, les hauts fonctionnaires et experts internationaux doivent être formés sur  les grandes questions géopolitiques  géostratégiques  et géoéconomiques  pour disposer d’une excellente grille de lecture des grands enjeux nationaux et internationaux.

A l’heure où la mondialisation et la globalisation ont provoqué à l’échelle planétaire des bouleversements tels, qu’elles invitent à repenser les stratégies des États comme des Entreprises, aussi bien dans leurs champs d’actions, leurs marges de manœuvre que les moyens à leur disposition, le Centre d’Etudes  Diplomatiques et Stratégique (CEDS) de Dakar, à travers l’Ecole Panafricaine d’Intelligence Economique et de Stratégie (EPIES), entend jouer un rôle plus actif aux côtés des Etats et des Gouvernements africains, des institutions régionales et de la société civile pour les aider à relever ces défis internationaux notamment en s’appropriant la pensée stratégique et l’Intelligence économique.

C’est dans ce  cadre que s’inscrit l’extension des activités de recherches et d’enseignement du CEDS de Dakar par la création de l’EPIES ; c’est aussi dans ce sens que, pour le développement de l’Afrique, nous avons pensé qu’inscrire  l’Intelligence Economique au centre des grandes réflexions  de PREVENTICA INTERNATIONAL DAKAR, constitue un atout, un levier stratégique de tout premier plan pour prémunir les Etats, les Entreprises , les organisations et même les individus de tous les risques inhérents à la société de l’information métastasée et transformée par le numérique.

II- PRESENTATION DU CENTRE D’ETUDES DIPLOMATIQUES ET STRATEGIQUES (CEDS) DE DAKAR

ET DE L’ECOLE PANAFRICAINE D’INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET STRATEGIQUE (EPIES)

Le CEDS est un Établissement libre, d’enseignement supérieur post universitaire à but non lucratif qui dispose du statut d’Organisation Internationale à vocation académique en accord avec les autorités sénégalaises. Il a installé son siège pour l’Afrique de l’Ouest à Dakar, depuis décembre 1999. Il est exclusivement destiné aux dirigeants, décideurs de l’Administration, Hauts Fonctionnaires, Officiers Supérieurs, Officiers Généraux,  Magistrats,   membres des Gouvernements, des Assemblées Nationales et Locales.

Il est aussi ouvert à tous les décideurs et dirigeants du secteur privé et des organisations  internationales et autres acteurs non étatiques.

Il représente en Afrique, l’une des rares institutions de formation postuniversitaire d’enseignement supérieur et de recherches sur les questions internationales et stratégiques. Accueillant des auditeurs venant de tous les horizons du continent,  véritable « Think Tank » à la disposition de tous les Etats Africains, il est l’unique organisme de formation du genre en Afrique. Il a ainsi contribué au renforcement des capacités de plusieurs centaines de décideurs Africains (Ministres, Présidents d’institutions publiques, Diplomates, Parlementaires, Magistrats, Hauts cadres de l’Administration, Experts internationaux, Généraux des armées, Officiers supérieurs de la Gendarmerie et Commissaires de la police), toutes nationalités confondues.

Le CEDS concourt également à la compréhension de la pensée stratégique, de l’analyse géopolitique et à la promotion du développement local et de la coopération décentralisée, par le renforcement des capacités des élus locaux et des acteurs non étatiques.Il a aussi à son actif, l’organisation de plusieurs conférences et séminaires internationaux ayant regroupé des grandes personnalités de l’espace euro-africain ainsi que des voyages d’études à travers plusieurs capitales africaines, européennes et américaines.

En 2009, après avoir constaté que le  le développement du numérique a  fortement influencé et réorienté la pensée stratégique , notamment dans la conception et la perception de l’information, le CEDS de Dakar, dans le cadre d’un nouveau partenariat avec l’Ecole de Guerre Economique de Paris (EGE) sous la direction de Christian HARBULOT, avec le concours du Colonel(CR) Jean François BIANCHI, de François JEANNE-BEYLOT et le soutien des plus hautes autorités sénégalaises, décide de créer l’Ecole Panafricaine d’Intelligence Economique et de Stratégie (EPIES), afin d’arrimer l’Afrique à la société de l’Intelligence Economique dont, à l’époque on avait qu’une connaissance et une compréhension particulièrement diffuses pour ne pas dire quasi inexistantes.

C’est ainsi qu’ à partir de Novembre 2009, grâce à une très forte implication des autorités sénégalaises, l’Intelligence Economique émerge en Afrique, avec un cadre académique qui lui est dédié pour la dispensed’une formation académique de très haut niveau. Cette formation qui a déjà enregistré la sortie de plusieurs promotions, de 2009 à nos jours, aiderales décideurs du continent à comprendre et à s’approprier ce nouvel outil qui est au cœur de la collecte, de l’analyse, de la valorisation, de la diffusion et de la protection de l’information stratégique notamment économique ,dont le but ultime est de renforcer la compétitivité des Etats, des Entreprises et de toutes les instances de recherche.

III – L’EPIES  ET LES OBJECTIFS PARTAGES AU PROFIT DE PREVENTICA INTERNATIONAL DAKAR

La finalité de l’EPIES, c’est de former les décideurs du Sénégal mais aussi de la sous-région, à la manière de comprendre les incertitudes qui pèsent sur les organisations à la  suite aux mutations numériques et géopolitiques de la dernière décennie, d’expliciter la complexité et les impacts des antagonismes économiques, d’avoir une bonne compréhension de ce qu’est l’information stratégique, de déchiffrer et maîtriser les stratégies à déployer dans  environnement fortement concurrentiel voire hostile, de développer la volonté et les facultés de résilience des pouvoirs publics et des acteurs non étatiques.

En somme, dans l’universalité de sa démarche, l’EPIES cherche à accompagner et à renforcer les capacités des Etats africains, des Entreprises et des Centres de recherche, en particulier de l’espace francophone, pour une véritable appropriation de l’Intelligence Economique dans la perspective de la maîtrise, de la gestion et de la protection de l’information stratégique orientée vers développement économique et social. Pour  que cette démarche atteigne la parfaite mesure de son efficacité, elle est articulée autour d’objectifs spécifiques précis pour :

  • Amener les Etats africains, tout particulièrement l’Etat du Sénégal mais aussi les entreprises sénégalaises à comprendre la nécessité de s’ouvrir et de cerner l’importance de l’Intelligence Economique (IE) en tant qu’elle consiste pour tous les décideurs en la maîtrise et en la protection de l’information stratégique ;
  • Produire des informations stratégiques en mobilisant la capacité d’analyse et d’anticipations des décideurs et de leur collaborateurs.
  • Asseoir de manière pérenne ses activités économiques et les développer dans un environnement concurrentiel en prenant les bonnes décisions et avec réactivité.
  • Saisir toutes les opportunités qui se présentent pour être au diapason des innovations en termes de gains de productivité, de conquêtes de nouvelles parts de marché et de constitution de partenariats gagnant-gagnants
  • Mettre en évidence les menaces, les risques pour les contenir et les éradiquer
  • Amener les participants à s’approprier toutes les opportunités que leur offre l’IE en tant que réponse culturelle et opérationnelle aux problématiques de la mondialisation et de la globalisation de la société de l’information dont le numérique constitue aujourd’hui le principal sinon l’exclusif support.
  • Maîtriser les enjeux de la société de l’information, de l’économie du numérique et de l’économie de  la connaissance pour donner aux décideurs et dirigeants africains les moyens de relever les nouveaux défis ;
  • Développer les capacités de veille technologique et de prospective pour être au diapason de l’évolution de la société de l’information, notamment ,par la mise en œuvre dans les pays africains, d’une stratégie nationale pertinente et intégrée pour la sécurité des systèmes d’information contre les malveillances et les cyber attaques.

IV- RESULTATS ATTENDUS

Le CEDS de Dakar et l’Ecole Panafricaine d’Intelligence Economique et de Stratégie attendent, entre autres, que ce « 1er Forum International Pour La Maîtrise Globale des Risques en Afrique de l’Ouest », constitue à la fois, une passerelle et un tremplin supplémentaires pour aider à la mobilisation et remobilisation de tous les acteurs économiques et décideurs politiques. En effet il devient de plus en plus urgent à les amener à s’approprier les multiples enjeux de l’Intelligence Economique en particulier dans sa dimension de gouvernance de l’information stratégique,de perception de l’importance voire de la nécessité d’un système d’information unique pour l’Etat, les Entreprises et d’une stratégie nationale intégrée de  la sécurité des systèmes d’information.

En effet dans  un monde hyper connecté, pour ne pas dire démesurément connecté, où les informations de toutes sortes circulent sans frontière et sans filtre, leur maîtrise est devenue un enjeu capital pour la sûreté et la sécurité des Etats et des entreprises en généralmais aussi pour leur développement économique dont l’attractivité  des investissements constitue une donne essentielle. C’est donc dire que, dans les dédales et les diaclases de la mondialisation où les nouveaux systèmes d’information règnent en maître, toute la difficulté est de savoir comment, dans ce flots continus données intarissables, savoir capturer l’information directement utile à la stratégie de l’Etat et/où de l’Entreprise pour lui permettre, non seulement d’être compétitif, mais encore et surtout de se protéger dans un environnement assurément concurrentiel et infesté de prédateurs.

C’est là que l’information stratégique se présente comme la sève nourricière de tout Etat, de toute Entreprise. Elle est, au sens figuré comme au sens propre, le bulbe rachidien de l’Etat, de l’Entreprise. Elle est la matière première sine qua non, donc indispensable à toute décision qui peut impacter directement, négativement où positivement le destin d’un pays, d’une nation d’une Entreprise, aussi bien dans  son développement économique et social, dans sa survie que dans son expansion.

Au demeurant, pour donner véritablement sens à la disponibilité de l’information stratégique en lui conférant toute sa valeur et toute sa vitalité, il faut absolument qu’elle soit insérée par l’Etat où l’Entreprise dans un système d’information qui soit en parfaite adéquation avec  leurs objectifs stratégiques. En effet le système d’information est le fil d’Ariane de l’atteinte, par l’Entreprise, des objectifs stratégiques qu’elle a définis ; c’est lui qui éclaire et donne vie à tout le processus de décisions stratégiques qui fait partie intégrante du processus de management et de gestion stratégique de l’Entreprise.

Le système d’information est le dispositif central de toute l’Entreprise, au niveau méso-économique, et de l’Etat au niveau macro-économique. Bulbe rachidien de l’Entreprise et/ou de l’Etat, il est le support de toutes les décisions. Partie intégrante de la démarche d’intelligence économique, il en traduit toute l’expression car il intègre toutes les technologies de l’information qui ont permis le développement du concept ; il met la technique au service du contenu informationnel.

C’est grâce au système d’information que l’Entreprise et/ou l’Etat peuvent récupérer, stocker et analyser une quantité d’informations qui excèdent largement les capacités de raisonnement de l’homme. C’est pourquoi, il est absolument nécessaire pour chaque pays, de se doter d’une stratégie nationale intégrée de sécurité des systèmes d’information.

Tout ce qui précède, pour rappeler qu’au nombre de ses enjeux multiformes, l’information stratégique et la sécurité des systèmes d’informations sont parmiles principales préoccupations de l’Intelligence Economique qui infère des missions à la fois informatives, anticipatrices et proactives

Le devoir nous incombe d’ailleurs, de saisir cette occasion pour lancer une alerte à tous les Etats Africains pour que les décideurs politiques sachent qu’il est impossible d’assurer la sécurité nationale des systèmes d’information dans un écosystème numérique éclaté et « anarchique ordonnée » comme on le constate dans certains pays . Le Sénégal n’échappe pas à cette situation qu’il doit très urgemment corriger , pour se mettre à l’abris de surprises dévastatrices. Les pays d’ Afrique francophone devraient méditer l’expérience de la France qui, à travers l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), s’est dotée d’une Autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d’information,  qui est tout à fait disponible pour coopérer avec les pays africains.

Les participants à cette rencontre sauront que l’avantage compétitif qu’ils peuvent tirer de la compréhension de l’Intelligence Economique, repose sur leur capacité à gouverner le déluge d’informations générées par leur système d’information dont ils doivent extraire celles qui sont  exclusivement utiles pour  bâtir leur stratégie avec le maximum de réactivité.

En conclusion, nous ne pouvons que remercier et féliciter les initiateurs ce cette manifestation sublime , notamment la Direction Générale de la Sécurité Sociale du Sénégal et tout particulièrement la Direction de la Protection des Risques Professionnels qui n’a ménagé aucun effort pour arriver à ce résultat tangible que nous savourons tous et qui intervient opportunément dans un contexte caractérisé par la montée de tous les périls, la permanence et la tendance à l’hybridation de toutes les menaces et de tous  les risques, ces dangers potentiels, plus ou moins prévisibles, liés à notre environnement, que nous côtoyons consciemment ou inconsciemment tous les jours sans savoir quelles réponses leur apporter.

Nos remerciements et nos félicitations vont aussi à PREVENTICA INTERNATIONAL , dont nous pouvons témoigner du professionnalisme à toute épreuve et de sa volonté sincère de partager en toute convivialité son expérience et son savoir-faire, pour accompagner les pays africains, le Sénégal en particulier, dans la maîtrise globale des risques .Son partenariatavec la Caisse de la Sécurité du Sénégal doit être magnifié et incrusté en lettres d’or au fronton des deux Institutions qui ont déjà cristallisé leur énergiepour la pérennité biannuelle  de l’exercice , à travers PREVENTICA INTERNATIONAL DAKAR ;

Puisse cette grande initiative , dont le CEDS de Dakar et l’EPIES ont eu l’insigne honneur d’être partenaires officiels associés des premières heures, essaimer et prospérer dans toute l’Afrique de l’Ouest ainsi que les organisateurs en ont manifesté la volonté et le dessein.

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L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), un socle pour l’intelligence économique ? http://afriqu.es/lorganisation-lharmonisation-afrique-droit-affaires-ohada-socle-lintelligence-economique/ http://afriqu.es/lorganisation-lharmonisation-afrique-droit-affaires-ohada-socle-lintelligence-economique/#comments Fri, 04 Aug 2017 14:21:05 +0000 http://afriqu.es/?p=1315       Les 1ère Assises Africaines de l’intelligence économique, organisée le 03 juin 2016 à Casablanca, étaient une opportunité majeure en matière d’échanges, de réflexions et de prospectives sur le développement de l’intelligence économique en Afrique. Nul besoin de revenir sur les caractéristiques de ce continent extraordinaire –  par son histoire, sa géographie, sa ...

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      Les 1ère Assises Africaines de l’intelligence économique, organisée le 03 juin 2016 à Casablanca, étaient une opportunité majeure en matière d’échanges, de réflexions et de prospectives sur le développement de l’intelligence économique en Afrique. Nul besoin de revenir sur les caractéristiques de ce continent extraordinaire –  par son histoire, sa géographie, sa (ou plutôt ses) population(s) –  qui, chacun le sait, occupe déjà et occupera une position stratégique, à tout point de vue dans les années à venir. Les contextes africains sont un terreau favorable au développement de l’intelligence économique pour deux raisons principales : le développement économique et l’autonomie économique. Il s’agit, de façon plus opérationnelle, d’efficacité et de compétitivité.

       Le contexte mondial actuel, marqué par la libéralisation croissante des échanges, induit des expériences d’intégration régionale. Les exemples ne manquent pas dans le monde, de l’Union européenne à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) en passant par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Il est indéniable qu’une des conditions principales de l’efficacité et de la compétitivité de ces grands espaces économique est la cohérence juridique. L’exemple de l’Union européenne, dans le domaine de l’intégration juridique, n’est plus à démontrer. Or il est une organisation africaine de premier ordre en matière d’intégration juridique : l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA). L’harmonisation du droit, en l’occurrence le droit des affaires, est un pilier de la croissance et du développement économique [ONANA ETOUNDI, 2012].

       L’harmonisation du droit des affaires, pilier du développement économique, constitue-t-il dès lors un socle pour l’ancrage de l’intelligence économique en Afrique ? L’OHADA peut-elle être ce vecteur ?

Sécurité juridique et compétitivité économique : un mariage annoncé

       L’harmonisation du droit des affaires en Afrique est piloté par l’OHADA, créée par le Traité de Port-Louis du 17 octobre 1993, une organisation internationale de plein exercice, dotée d’une personnalité juridique internationale. L’objectif est clairement établi :

       Son objectif est la facilitation des échanges et des investissements, la garantie de la sécurité juridique et judiciaire des activités des entreprises. Le droit de l’OHADA est ainsi utilisé pour propulser le développement économique et créer un vaste marché intégré afin de faire de l’Afrique un « pôle de développement. »[1]

       Étant une organisation internationale, l’OHADA est une institution publique. C’est donc au travers d’une politique publique, internationale, qu’elle coordonne l’harmonisation du droit des affaires. Comme organisation régionale, dix-sept États en sont membres[2] et présente un caractère transfrontalier très marqué.

Zone OHADA (dix-sept États Membres).

Source : http://business-en-afrique.net/comprendre-l-espace-ohada/

       La mondialisation de l’économie, comme le rappelle l’OHADA dans la description de sa mission, exige l’harmonisation des droits et des pratiques du droit. Cette exigence constitue, en Afrique, une priorité pour créer les conditions favorables à l’instauration d’un espace de sécurité juridique et judiciaire indispensable pour drainer des flux importants d’investissements, car investir est déjà en soi un risque, même s’il est calculé ; s’il faut doubler ce risque premier inéluctable de celui d’un système juridique fluctuant, ondoyant et insaisissable, il n’y aura pas beaucoup de possibilités d’attirer des investisseurs.

       L’intelligence économique, fait l’objet, dans plusieurs pays d’Afrique, d’une politique publique, l’état de l’art sur la question proposé dans ces actes l’illustre sans équivoque, comme en France d’ailleurs. Dans le cas de la France, et l’exemple est plus que pertinent puisque le concept d’intelligence économique y est né, une véritable politique publique d’intelligence économique s’est mise en place depuis de début des années 2000, avec pour vocation non seulement de sensibiliser les entreprises aux risques induits par leur environnement, mais aussi, finalement, un accroissement de compétitivité [DE LA ROBERTIE, LEBRUMENT, MORTIER, 2016]. Cette discipline y a été définie par le ministère de l’économie et des finances en 2011 comme étant :

       « Une ingénierie de la collecte, de l’analyse stratégique et de la valorisation de l’information utile pour un éclairage et une aide à la décision. Elle utilise toutes les ressources des technologies de l’information et de la communication, des réseaux humains et de leur capacité d’influence pour donner aux entreprises, ou à un État, les moyens d’être plus compétitif et plus efficace face à la concurrence. Pratiquée par tous les grands pays industrialisés et émergents, elle permet d’assurer aux entreprises un avantage concurrentiel, et à l’État de pouvoir anticiper les événements et d’accompagner les mutations économiques. »

       La caractéristique commune de ces politiques publiques, en Afrique et ailleurs, est le soutien à la compétitivité et par conséquent le développement économique. L’harmonisation du droit des affaires n’a-t-il pas pour objectif la compétitivité de la Zone OHADA ? Les objectifs convergent donc. Deux corpus pour un objectif commun : la compétitivité. Celle-ci est la condition sine qua non du développement économique et implique une autonomie économique accrue, des entreprises fortes, une vison stratégique.

       Comme l’indique Marie Bigot[3], après avoir réussi à être perçue comme une réalité juridique, l’OHADA est reconnue comme une réalité économique à part entière, dès lors que les dernières éditions du rapport Doing Business de la Banque Mondiale analysent les résultats économiques de l’espace OHADA. Et c’est une place de choix qui revient à l’OHADA dans le Doing Business 2016 (données arrêtées au 1er juin 2015) :

       « Les membres de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires sont particulièrement actifs : 14 des 17 économies ont mis en place des réformes réglementaires facilitant l’environnement des affaires durant l’année passée, soit 29 réformes au total. Vingt-quatre de ces réformes ont réduit la complexité et le coût des processus réglementaires, quand les cinq autres ont renforcé les institutions juridiques. » 

       La limitation du risque juridique dans l’espace OHADA est une réalité et la fluidité des investissements en est une conséquence indéniable. Cette intégration juridique, doublée d’une politique d’intelligence économique ne peut que favoriser l’émergence d’un terreau favorable au développement économique, tous secteurs confondus. Il s’agit d’ailleurs d’un modèle d’intégration juridique et économique basé sur la zone OHADA dans sa globalité, en faisant abstraction des frontières des États membres et des intérêts particuliers de ces derniers. Cela a été rappelé par une juridiction camerounaise en 2012. Celle-ci a jugé que, puisque l’intention du législateur du Traité OHADA étant la création d’une stabilité économique, les tribunaux doivent en assurer l’application au risque d’entraîner une instabilité économique[4]. Cette décision  traduit l’esprit avec lequel les juridictions de tout l’espace OHADA devraient mettre en œuvre cette législation. Le développement économique de la zone OHADA est donc considéré comme l’objectif ultime à atteindre. Le dernier État a avoir rejoint l’OHADA est la République démocratique du Congo, en 2012. Le professeur Massamba rédigeait alors un Manuel de vulgarisation intitulé « L’OHADA en RdC » dont l’introduction se terminait comme suit :

       « Au delà de la révolution juridique que signifie l’entrée en application du droit OHADA en RdC, l’analyse des Actes uniformes (voir infra), révèle d’indéniables avantages, tant en termes de comblement des lacunes qu’en termes de modernisation, d’innovation ou simplement d’adaptation du droit à notre économie et à notre temps. »

       Deux ans plus tard, en 2014, la présidente du Tribunal de commerce de Boma (RdC), rappelait que la bonne application du droit, l’exécution rapide des décisions de justices est le gage d’une sécurité juridiques et judiciaire dans la zone OHADA et que cela représente le levain d’un développement économique pour les 17 pays membres [KITETE LOSAMBA, 2014]. L’objectif du développement économique de la zone OHADA est systématiquement mis en avant.

       Dans une environnement ultra-concurrentiel, une politique d’intelligence économique, doublée d’une sécurité juridique, donne toutes les cartes au monde économique pour penser sa stratégie et son expansion.

Harmonisation du droit des affaires et intelligence économique : le chemin de l’avantage concurrentiel

       Les entreprises cherchent à construire des accords avec les multiples acteurs de leur environnement, industries complémentaires, apporteurs de technologies, parcs industriels et technologiques, régions d’insertion des différents établissements de l’entreprise, autorités administratives locales, nationales et internationales, ONG, etc. L’entreprise se retrouve ainsi au centre d’un réseau constituant un écosystème qui se prolonge dans le réseau interne de l’organisation et qu’il faut piloter opérationnellement et stratégiquement, car il conditionne la survie de l’entreprise à long terme [BULINGE, 2012]. Ce pilotage c’est l’intelligence économique, non plus comme politique publique, mais comme démarche managériale. Quid du droit des affaires et de son harmonisation dans cette démarche ?

       Dans le contexte de concurrence économique actuel, de plus en plus internationalisé, le droit devient une arme stratégique pour les entreprises. Étendre l’intelligence économique au domaine juridique conduit nécessairement à repenser les méthodes de gestion de l’information juridique et à mieux intégrer les juristes dans le processus de décision stratégique au sein de l’entreprise [WARUSFEL, 1999]. Effectivement, nul besoin de démontrer que le droit est une dimension importante de la vie de l’entreprise et des fonctionnements du marché. A ce titre, les matières harmonisées du droit des affaires dans la zone OHADA sont autant d’outils au service de l’entreprise et des marchés :

  • Droit commercial général – Acte uniforme de janvier 1998, modifié en décembre 2010 (statut de commerçant, statut d’entreprenant, registre du commerce et du crédit mobilier, bail à usage professionnel, fonds de commerce, intermédiaire de commerce, vente commerciale) ;
  • Organisation des sûretés – Acte uniforme d’avril 1997 (renforcement de la confiance entre les acteurs économiques) ;
  • Droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique – Acte uniforme de janvier 2000, modifié en janvier 2014 ;
  • Organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution – Acte uniforme de juillet 1998 (renforcement des voies d’exécution destinées à contraindre un débiteur défaillant) ;
  • Organisation des procédures collectives d’apurement du passif – Acte uniforme de janvier 1999 (définition des sanctions patrimoniales, professionnelles ou pénales applicables en cas de faillite ou banqueroute) ;
  • Droit de l’arbitrage – Acte uniforme de juin 1999 (constitution d’un droit d’arbitrage commun à tous les États membres) ;
  • Organisation et harmonisation des comptabilité des entreprises – Acte uniforme de mars 2000 (système comptable unique dans toute la zone OHADA) ;
  • Contrats de transport de marchandises par route – Acte uniforme de janvier 2004 (unification des contrats de transport de marchandises par route dans l’espace OHADA et entre deux États dont l’un est membre de l’OHADA) ;
  • Droit des sociétés coopératives – Acte uniforme de mai 2011 (règles spécifiques harmonisées pour les sociétés coopératives).

       Parce que car la création de la norme juridique à elle seule ne suffit pas pour induire des changements ou influencer les opérateurs économiques, la norme édictée doit être confrontée aux réalités du terrain [KODO, 2008]. Et cette réalité du terrain, c’est l’affaire de l’intelligence économique. La sécurité juridique apportée par l’OHADA s’applique d’une part aux investissement étrangers en Afrique mais aussi aux opérateurs locaux. Elle est de cette façon un vecteur de développement économique à tous les échelons économiques : de la société coopérative locale à la multinationale étrangère en passant par l’entreprise de taille moyenne. Chaque opérateur économique, entreprise, commerçant, institution financière,…est concerné et constitue un maillon dans la chaîne du développement économique. Afin de consolider cette chaîne, la pratique de l’intelligence économique constitue un atout majeur.

Conclusion

        La création d’un nouveau pôle de développement en Afrique est l’une des principales motivations des promoteurs du Traité de l’OHADA. L’importance d’un droit en phase avec les réalités socio-économiques d’un environnement ouvert et concurrentiel est déterminant.  L’accélération du temps économique par rapport au rythme d’évolution des tentatives d’encadrement juridique soulève le problème de la conformité des normes avec les pratiques économiques [CISSE, 2004]. Les pratiques économiques étant de plus en plus offensives, l’adjonction d’un volet intelligence économique à l’intégration juridique du droit des affaires constitue un couple opérationnel, stratégique et sécuritaire. Harmonisation des droit des affaires et intelligence économique non seulement se complètent mais surtout poursuivent des objectifs communs, la compétitivité des opérateurs économiques, le développement économique et le développement du territoire.

       La présentation de travaux relatifs à cette dynamique OHADA-Intelligence économique mériteraient une place dans les prochaines éditions des Assises africaines de l’intelligence économique. La création d’un groupe de travail permanent, composé de juristes et de spécialistes de l’intelligence économique, pourrait se mettre en place, apporter  une production de connaissance et une dimension opérationnelle aux acteurs économiques intéressés.

Références

  • BULINGE F. (2012), De l’espionnage au renseignement, Vuibert, Paris.
  • CISSE A. (2004), « L’harmonisation du droit des affaires en Afrique : l’expérience de l’OHADA à l’épreuve de sa première décennie », Revue internationale de droit économique, tome XVIII, n°2.
  • DE LA ROBERTIE C., LEBRUMENT N., MORTIER S. (2016), « La mission intelligence économique de la gendarmerie nationale au prisme des entreprises », Les Cahiers de la sécurité et de la Justice, n°34.
  • KITETE LOSAMBA M. (2014), « Premières applications de l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution en République démocratique du Congo : cas des tribunaux de commerce de la ville – province de Kinshasa », Revue de l’ERSUMA : Droit des affaires – Pratique Professionnelle, n°4.
  • KODO J. (2008), « Le rôle de la jurisprudence de l’OHADA dans le développement économique en Afrique », Congrès 2008 de Lomé : le rôle du droit dans le développement économique, http://www.institut-idef.org/Le-role-de-la-jurisprudence-de-l.html
  • MASAMBA R. (2011), « Attractivité économique du droit OHADA » in POUGOUE P-G. (sous la dir.), Encyclopédie du droit OHADA, Lamy, Paris.
  • ONANA ETOUNDI F. (2012), « Les expériences d’harmonisation des lois en Afrique », Revue de l’ERSUMA : Droit des Affaires – Pratiques Professionnelles, n°1.
  • WARUSFEL B. (1999), « Intelligence économique et pratiques juridiques », Revue de l’intelligence économique, n°5.

[1]    http://www.ohada.com/accueil.html

[2]    Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad et Togo.

[3]    « Afrique : le droit OHADA, un enjeu de puissance économique », http://www.knowckers.org/2016/06/afrique-le-droit-ohada-un-enjeu-de-puissance-economique/ (Consulté le 21 septembre 2016).

[4]    Hight Court of Mezam Holden in Barmenda, Suit n°HCB/287M/2012 du 15 octobre 2012. Il est à noter que cette décision  provient d’une juridiction de Common Law. Le Cameroun ayant la spécificité de faire coexister deux systèmes de droit, le système civiliste (le droit OHADA en fait partie) et le système de Common Law.

 

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Interview d’Adoum Youssef IBRAHIM, Président de l’Association Tchadienne d’Intelligence Economique (ATIE) http://afriqu.es/interview-dadoum-youssef-ibrahim-president-de-lassociation-tchadienne-dintelligence-economique-atie/ http://afriqu.es/interview-dadoum-youssef-ibrahim-president-de-lassociation-tchadienne-dintelligence-economique-atie/#respond Thu, 03 Aug 2017 09:54:12 +0000 http://afriqu.es/?p=1309 Interview au Journal Tchad Eco Pourquoi avoir créée l’Association Tchadienne d’Intelligence Economique (ATIE) et quels sont les objectifs visés? Commençons d’abord par le verrou politique qui a sauté avec la chute de la dictature en 1990. Avant cette date, faire une demande de création d’une association était une entreprise hasardeuse et relevait d’un véritable parcours de ...

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Interview au Journal Tchad Eco

Pourquoi avoir créée l’Association Tchadienne d’Intelligence Economique (ATIE) et quels sont les objectifs visés?

Commençons d’abord par le verrou politique qui a sauté avec la chute de la dictature en 1990. Avant cette date, faire une demande de création d’une association était une entreprise hasardeuse et relevait d’un véritable parcours de combattant vous exposant à toutes les enquêtes. La chute de la dictature a permis à toutes les énergies de se libérer. Notre démarche a donc profité de cet extraordinaire sensation de liberté conquise que les tchadiens savourent en réalité pour la première fois depuis l’indépendance de notre pays en 1960. L’initiative de créer une association dédiée à l’Intelligence Economique – ATIE – est née du constat du très grand retard accusé par notre pays dans la prise en charge de la démarche d’Intelligence Economique. Celle-ci est en effet loin de constituer, au niveau de la sphère gouvernementale une véritable politique publique volontariste et réfléchie. Au niveau des entreprises, elle est loin d’être reconnue comme étant une dimension stratégique du management.

En plus de ce constat de déficit flagrant au niveau de la prise de conscience de l’importance de la démarche de l’Intelligence Economique, notre initiative a eu aussi pour fondement l’idée que l’Intelligence Economique, en tant que ressort de la compétitivité via la maitrise de l’information économique stratégique, doit être l’affaire de tout le monde, de tous les acteurs.

A cet effet, l’ATIE a été créée en juin 2013 par des acteurs venant du secteur public, privé et du monde de la recherche. Elle se fixe comme objectif d’être un cercle de réflexion et un levier d’impulsion à la disposition de toutes les organisations (administrations publiques, entreprises, groupements professionnels, université et centres de recherche…) pour les informer, les former, les accompagner et les assister en matière d’Intelligence Economique. L’Association se fixe également comme objectif de fédérer toutes les synergies et les efforts des acteurs et des structures d’Intelligence Economique au Tchad avec un accent particulier sur le développement et la promotion des formations en Intelligence Economique au Tchad.

Slogan de l’Association : « Veiller, Reseauter et Partager pour un Tchad Nouveau »

« Surveiller comme les Chinois, analyser comme les Français, agir comme les Américains et partager comme les Africains », si telle pourrait être la formule managériale ‘hybride’ Tchadienne.

Qu’est ce que l’Intelligence Economique ?

L’Intelligence Economique consiste à collecter, analyser, valoriser, diffuser et protéger l’information stratégique, afin de renforcer la compétitivité d’un Etat, d’une entreprise ou d’un établissement de recherche. On dit dans les jargons que l’Intelligence Economique consiste à disposer de la bonne information, au bon moment, sous la bonne forme, la transmettre à la bonne personne afin qu’elle prenne la bonne décision.

L’Intelligence Economique est donc un véritable outil d’aide à la décision, qui à vocation à être mis en œuvre par l’ensemble des acteurs économiques : elle permet aux entreprises et aux établissements de recherche de maintenir et de protéger leur compétitivité et à l’Etat de faire des choix stratégiques, d’anticiper et d’accompagner les mutations économiques et de soutenir la croissance.

L’Intelligence Economique est à la fois une démarche de politique publique élaborée et mise en œuvre par l’Etat et une démarche d’entreprise, avec un objectif commun : le soutien à la compétitivité.

L’Intelligence Economique recouvre des réalités concrètes et opérationnelles pour l’ensemble des acteurs économiques et repose sur trois piliers :

  • La veille stratégique,  c’està-dire le recueil, à partir de sources ouvertes, l’analyse, la valorisation et la diffusion d’informations économiques stratégiques ;
  • L’influence (ou lobbying), c’està-dire la capacité à orienter positivement les décisions d’institutions nationales et internationales et notamment des institutions économiques ;
  • La sécurité économique, c’està-dire la protection des informations, des activités et de l’ensemble du patrimoine économique et scientifique, qu’il soit matériel ou immatériel.

Il est extrêmement important de souligner que l’Intelligence Economique s’inscrit dans le cadre strict de la loi : toute démarche d’Intelligence Economique, dans ses différentes composantes de veille, d’influence et sécurité économique, doit se faire avec des moyens légaux et dans le respect de principes déontologiques.

Quelles sont les activités réalisées par votre Association?

Depuis la création de l’Association, plusieurs activités ont été entreprises, malgré que des considérations logistiques retardent bien des aspects de nos missions statuaires. Citons, à titre d’exemple, quelques activités réalisées par l’Association :

  • Création des liens de coopération et d’échange avec des associations et des organismes similaires à l’échelle régionale et continentale ;
  • Initiation d’une série de rencontresdébats sur des thématiques d’actualité dans notre pays ;
  • Développement des thèmes portant sur la pratique et les problématiques de l’Intelligence Economique au Tchad ;
  • Apport d’assistance technique dans la mise en place de la cellule de veille stratégique et d’Intelligence Economique sur la filière gomme arabique au Tchad.

Qui peut adhérer à l’Association ?

De part son statut, l’ATIE se veut ouverte à toute personne qui souhaite y adhérer, à condition qu’elle dispose des compétences multidisciplinaires capables d’apporter une valeur ajoutée réelle à la réalisation des objectifs et projets de l’Association.

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Les dessous de la diplomatie économique marocaine en Afrique http://afriqu.es/dessous-de-diplomatie-economique-marocaine-afrique/ http://afriqu.es/dessous-de-diplomatie-economique-marocaine-afrique/#respond Fri, 21 Jul 2017 14:12:23 +0000 http://afriqu.es/?p=1165 Espace économique imposant graduellement son poids dans l’économie mondiale, le continent africain est devenu ces dernières années le terrain de développement privilégié du Maroc jusqu’à l’ériger comme pivot de sa diplomatie et de son économie. Gouvernance, diplomatie religieuse et sécuritaire, échanges économiques, culturels et institutionnels, le Royaume ne lésine sur aucun moyen pour défendre une ...

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Espace économique imposant graduellement son poids dans l’économie mondiale, le continent africain est devenu ces dernières années le terrain de développement privilégié du Maroc jusqu’à l’ériger comme pivot de sa diplomatie et de son économie. Gouvernance, diplomatie religieuse et sécuritaire, échanges économiques, culturels et institutionnels, le Royaume ne lésine sur aucun moyen pour défendre une nouvelle vision panafricaine dont il se veut l’un des moteurs déterminants. Retour sur les coulisses de la nouvelle stratégie diplomatique marocaine alliant soft-power et pragmatisme politique.

L’année 2016 aura été marquée par une offensive diplomatique sans précèdent de la part de l’État marocain sur le continent africain se soldant par un retour en grande pompe au sein de l’Union Africaine. Accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires et de ministres, le Roi Mohammed VI a sillonné continuellement le continent ; rencontrant chefs d’Etat et proposant projets d’investissements,  partenariats culturels et économiques « gagnant-gagnant » une nouvelle vision stratégique pour le continent.

Axe transsaharien historique et plateforme commerciale entre l’Afrique et l’Europe, le Royaume Chérifien était plutôt coutumier des échanges avec les pays partenaires d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.

Il est donc frappant d’observer la particularité du nouveau périple enclenché en septembre 2016 par la machine étatique marocaine. Le Maroc s’éloigne en effet de sa zone de confort géopolitique traditionnelle en s’ouvrant sur de nouveaux partenaires comme le Rwanda et la Tanzanie, tous deux se situant près de la Corne de l’Afrique, l’une des zones les plus dynamiques du continent (6% de croissance en moyenne chaque année). Le déplacement au Nigéria, plus grand marché d’Afrique anglophone, illustre aussi cette volonté d’ouverture de la diplomatie marocaine. Cette visite s’est soldée par ailleurs, par la signature d’un projet pharaonique de gazoduc traversant la côte atlantique et alimentant en gaz naturel 6 pays d’Afrique de l’Ouest, jusqu’au territoire marocain et le continent européen par la suite. Ce mégaprojet, estimé à hauteur de 25 milliards de dollars, illustre à lui seul cette volonté de projection de puissance du Royaume sur le continent en gardant pour principe immuable la coopération Sud-Sud entre chaque État.

Derrière cette nouvelle approche offensive de la diplomatie chérifienne, se cachent en réalité différents enjeux stratégiques pour le Royaume dont le principal est son retour au sein de l’Union Africaine.

L’influence croissante des instances institutionnelles du continent

Après avoir quitté avec fracas l’organisation panafricaine en 1984 à cause de l’admission en son sein de l’organisation séparatiste revendiquant le contrôle de ses territoires sahariens, le Royaume avait décidé de se tourner principalement vers ses partenaires européens et moyen-orientaux, sans pour autant négliger les pays africains.

Néanmoins, les rapports de forces géostratégiques ont depuis évolué en Afrique et ont poussé le Royaume à recentrer sa diplomatie économique vers le continent. Se basant pour cela sur les secteurs porteurs de son économie, à savoir le BTP, le secteur Banques/Assurances et plus récemment l’industrie des énergies renouvelables.

Pas moins de 40 déplacements ont été effectués par le Roi du Maroc en personne sur le continent depuis 2001. Il faut dire que le dynamisme économique, l’émergence de nouveaux « lions africains » comme le Nigéria ou l’Ethiopie, l’évolution de la situation sécuritaire sur le continent ainsi que l’influence grandissante des instances continentales ont poussé le Maroc à orienter sa stratégie vers ses racines africaines millénaires en consolidant ses partenariats et en entérinant des accords avec de nouveaux alliés.

L’objectif annoncé en 2016 par le Royaume de rejoindre l’Union Africaine traduit le parachèvement de cette nouvelle stratégie diplomatique. Se réclamant d’une politique pragmatique visant à développer et à asseoir un accroissement de puissance pour le continent, le Maroc se devait de finaliser son retour au sein des instances de l’Union Africaine au moment où l’organisation ne cache plus sa volonté d’inscrire plus encore son influence au niveau international. Celle-ci mettant sur la table le projet de création d’une zone de libre échange continentale (ZLEC, Africain continental free-trade area) ainsi que la volonté de détenir un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Appétit des puissances internationales

La volonté de s’inscrire dans cette vision cohésive démontre aussi l’ambition affichée de faire face aux défis liés à la mondialisation et aux rapports de force induits par celles-ci.

Territoire jeune, doté de ressources humaines et naturelles considérables, le continent impose progressivement son poids dans les échanges économiques mondiaux et représente aujourd’hui un marché incontournable dans un monde en proie à de multiples incertitudes.

L’Afrique est donc le terrain privilégié d’affrontements économiques entre puissances depuis plusieurs années. Après avoir été longtemps la cible de l’implantation des intérêts économiques chinois, son rival géopolitique japonais annonce l’investissement de 30 milliards de dollars en Afrique avec la volonté affichée de s’installer durablement sur le continent et de concurrencer son voisin chinois sur son terrain de prédilection.

Déployant une impressionnante machine de conquête économique, la Turquie avec ses entreprises de BTP, de textile et d’énergie, ne cache plus son ambition africaine en signant des accords de coopération avec pas moins de 40 pays d’Afrique et en affirmant sa volonté de s’appuyer sur le continent pour atteindre ses objectifs d’entrée dans le top 10 des puissances économiques mondiales.

Face à l’offensive de ces puissances en plus des acteurs traditionnels issus de l’Union Européenne et des États-Unis, le Royaume a adopté une nouvelle doctrine diplomatique mêlant influence et actions opérationnelles qui se veulent réalistes et constructives.

« L’Afrique est un grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n’est plus un continent colonisé. C’est pourquoi l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ». Cette citation du Roi prononcée lors d’un discours à Abidjan, est devenue le nouveau leitmotiv de la structure diplomatique marocaine qui décline de manière opérationnelle cette formule sur le terrain en développant la coopération bilatérale avec ses voisins africains, les échanges universitaires entre étudiants, la volonté de développement de projets économiques créateurs d’emplois locaux ainsi que la prise en main au niveau sécuritaire de chaque pays.

Fustigeant un néo-libéralisme exploitant uniquement les ressources du continent sans contrepartie de développement économique et humain, le Royaume se veut être le fer de lance d’une Afrique émergente et pragmatique s’appuyant sur une coopération Sud-Sud profitant à tous. Cette ligne stratégique s’avère payante et trouve écho auprès de nouveaux pays alliés comme le Rwanda dont le président est considéré comme un grand promoteur de la politique du renouveau du continent.

Compétition avec l’Afrique du Sud

Afin d’asseoir son ambition africaine, le Maroc doit faire face à un redoutable concurrent qui jouit d’une force de frappe économique impressionnante et mobilisant un quart du PIB du continent.

Implantées de manière historique en Afrique australe et en Afrique de l’Est, l’Afrique du Sud et ses entreprises voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un concurrent désirant conquérir des parts de marché sur ses zones d’influence. Disposant de relais importants au niveau de l’Union Africaine, l’État sud-africain n’a pas manqué de mobiliser ses structures diplomatiques pour bloquer l’entrée du Maroc au sein de l’influente organisation panafricaine, tout en essayant de contenir sur le terrain politique l’offensive marocaine auprès de ses pays alliés.

De son côté l’État marocain avance à visage découvert, ne cachant pas son désir de détrôner son adversaire sud-africain en tant que premier investisseur sur le continent. Ce qui est illustré par un passage du discours du chef de l’État marocain lors du 27ème sommet de l’Union Africaine à Kigali : « L’importante implication des opérateurs marocains et leur forte présence dans le domaine de la banque, des assurances, du transport aérien, des télécommunications et du logement, font que le Royaume est à l’heure actuelle le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest. Il est déjà le deuxième investisseur du Continent, mais pour peu de temps encore, avec sa volonté affichée de devenir le premier ».

Conscient de faire face à un poids lourd mondial, le Royaume a déployé son offensive en plusieurs étapes. La conception de sa stratégie tout d’abord, en adoptant sur le terrain l’adage de Sun Tzu : « Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation ». Adoptant une posture discrète, s’appuyant sur ses relais économiques, diplomatiques et sécuritaires pour s’orienter vers un retour dans les instances de l’UA.

Le timing a été précisément choisi : outre le fait que l’année 2016 a été particulièrement éprouvante pour le continent au niveau sécuritaire et économique, le Royaume a choisi d’enclencher son offensive au moment où l’Afrique du Sud connaît un ralentissement économique majeur, principalement dans le secteur agricole et minier, une crise de chômage importante avec 27% de la population active qui est sans emploi, et de graves problèmes de corruption au niveau de l’exécutif [1].

Le moment était donc parfait pour amorcer son approche auprès des autres pays africains en mettant en valeur les atouts dont il dispose :

  • L’engagement fort du pays au niveau de la sécurité alimentaire sur le continent. Considéré comme l’un des leaders mondiaux dans l’industrie des phosphates et des engrais, l’OCP (Office Chérifienne des Phosphates), première entreprise du Royaume, a déployé une véritable stratégie de couverture continentale, en investissant dans différents projets d’infrastructures dont le plus emblématique est le lancement d’une usine géante de production d’engrais en Ethiopie, considérée comme le premier espace agricole du continent.
  • Son soft-power religieux. Face à la montée de la fièvre du radicalisme sur le continent, le Royaume s’est appuyé sur ses institutions religieuses historiques articulées autour d’un cadre islamique partagé avec la majeure partie du continent, à savoir l’école malékite [2] pour le droit islamique, la doctrine ash‘arite [3] pour la théologie et le soufisme d’Al Junaid pour la spiritualité. L’appui des confréries soufies [4] d’Afrique de l’Ouest ainsi que la politique de formation des imams africains ont permis d’un côté de lutter sur le terrain contre la montée du fanatisme et de l’autre de transformer l’influence religieuse du Royaume en atout diplomatique.

Les défis du continent

Le Royaume est néanmoins conscient qu’il devra non seulement capitaliser sur ses atouts et consolider son rôle au sein de l’Union Africaine, mais aussi porter, en compagnie des autres locomotives du continent, un leadership qui permettra à l’Afrique de réellement émerger et imposer sa présence dans les échanges économiques mondiaux. Car le continent est encore loin d’avoir atteint ses objectifs de développement, sans compter les nombreux défis auxquels il doit faire face comme la croissance démographique importante de sa population, l’augmentation des IDE qui reste relativement faible par rapport au volume mondial (3,7% seulement)[5] ainsi que le développement du commerce intra-africain.

Le 1 mars 2017 par Ali Moutaib

Source : Portail de l’IE


[1] Bernard Lugan, Eco Austral, Octobre 2016
[2] Le malékisme est l’une des quatre madhhab, écoles classiques du droit musulman sunnite
[3] École théologique de l’islam
[4] Désignation des ordres mystiques soufis dans l’islam
[5] Bernard Lugan, Eco Austral, Octobre 2016

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Le groupe Bolloré, digne héritier des réseaux français est un acteur majeur du continent africain. Pour s’implanter là-bas, les puissances étrangères ont intérêt à déstabiliser le groupe et, en particulier, Socfin. L’action des ONG et de leurs satellites affiliés au « philanthrope » Georges Soros est mise en lumière dans ce dossier fourni. Une cartographie est également présente pour détailler ces « réseaux Soros ». Réseaux s’organisant par le biais des financements de l’Open Society Foundation ; mais également par l’entremise des ONG et des gouvernements, comme la présidente du Liberia, ancienne d’OSIWA  : une ONG partenaire du Monde Afrique, dont le journal relaye des enquêtes à charge contre le groupe Bolloré. Cependant, cette guerre de l’information ne se limite pas à des actions émanant d’ONG financées par l’Open Society, à partir d’une grille de lecture guerre économique/guerre de l’information, le dossier avertit des procédés d’autres ONG telles que Global Witness, Action Aid et de leur influence sur le triptyque politique,/ économique/ et sociétal.

Ce travail d’investigation fourni et détaillé est à méditer afin de prendre conscience des moyens d’actions des guerres informationnelles, et de l’influence dont dispose l’Open Society par ses différents leviers contre un groupe français.

Source : Portail de l’IE

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Le nouveau défi de l’Afrique : produire de la connaissance http://afriqu.es/nouveau-defi-de-lafrique-produire-de-connaissance/ http://afriqu.es/nouveau-defi-de-lafrique-produire-de-connaissance/#respond Wed, 12 Jul 2017 13:19:59 +0000 http://afriqu.es/?p=835 Continent de l’oralité, l’Afrique est aujourd’hui devant un défi énorme mais pas insurmontable : produire et diffuser de la connaissance. Si une grosse partie de la planète souffre aujourd’hui d’infobésité, le continent Africain est quant à lui marqué par un déficit chronique en information ou pour rester dans l’allégorie alimentaire de famine informationnelle. Universités L’Afrique ...

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Continent de l’oralité, l’Afrique est aujourd’hui devant un défi énorme mais pas insurmontable : produire et diffuser de la connaissance.

Si une grosse partie de la planète souffre aujourd’hui d’infobésité, le continent Africain est quant à lui marqué par un déficit chronique en information ou pour rester dans l’allégorie alimentaire de famine informationnelle.

Universités

L’Afrique a engendré les plus anciennes universités du monde. L’université Al Quaraouiyine à Fès, au Maroc dont la construction a débuté en 859 est considérée par beaucoup (dont l’UNESCO) comme la plus ancienne université dans le monde. Sa bibliothèque a récemment réouvert au public après quatre ans d’inaccessibilité. L’université est quant à elle encore en activité mais compte peu d’étudiants. Au Caire, l’université al-Azhar (“La Splendide”) a été fondée en 969 et l’université de Tombouctou à Sankoré au Mali est contemporaine de celles d’Oxford et de la Sorbonne, toutes trois créées au XVème siècle.

Mais aujourd’hui, dans les différents classements mondiaux, aucune université africaine n’apparait dans les 200 premières. Quatre universités sud-africaines et une égyptienne ont aujourd’hui intégré le nombre des 500 meilleures universités au monde selon le classement de la Academy Ranking of world universities (ARWU). Et pour cause, un des six critères de ce classement Shanghaï est le nombre de publications dans les revues scientifiques ou encore le nombre de chercheurs parmi les plus cités dans leur discipline.

Recherche scientifique

L’UNESCO rapporte qu’en 2015 seulement 1% des connaissances scientifiques mondiales sont produites en Afrique. Ainsi, la part des chercheurs africains dans le monde stagne depuis 2007 aux alentours de 2,4%. Il y a 79 scientifiques par million d’habitants en Afrique, contre 656 par million d’habitants au Brésil ou 4.500 pour un million d’habitants aux USA. Mais ce même rapport signale que le nombre de publications scientifiques en Afrique a crû de 60,1% entre 2008 et 2014, contre 13% en Amérique, 13,8% en Europe, 41% en Océanie et 71,7% en Asie (moyenne mondiale : 23,4 %). L’Afrique du Sud annonce de son côté un budget national de 6 milliards USD pour la recherche et le développement, à la 29° place mondiale (seul pays d’Afrique dans le top 40).

Dans les signaux positifs, on peut noter le développement sur tout le continent des réseaux de centres d’excellence qui devraient favoriser une mobilité scientifique et améliorer le partage de l’information.

Médias

Coté presse, l’Afrique intéresse beaucoup : Slate a lancé Slate Afrique dès 2011, la chaîne publique chinoise CCTV diffuse à partir de Nairobi au Kenya CCTV Africa depuis 2012, la même année Forbes Afrique, version africaine et française de la célèbre revue américaine Forbes a été lancée. En 2014, Canal + lance A + dédiée aux contenus africains, Le Point, lance lepointafrique.fr. L’année suivante Euronews lance Africanews en partenariat avec la télévision nationale du Congo. Mais les sources restent en dehors du continent noir : un Africain francophone sur deux écoute ou regarde au moins une fois par semaine RFI et France 24 et peu de titres panafricains émettent depuis l’Afrique (en dehors de Les Afriques et La Tribune Afrique).

Statistiques

Il est vrai que les données sur le continent africain sont difficiles d’accès. Les instituts de statistiques sont tels que nombres d’analystes préfèrent se tourner vers les sources Onusiennes, européennes ou étatsuniennes. Toutefois, la Banque Africaine de développement a mis en ligne un portail statistique et l’Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne promet « pour bientôt » un accès libre aux données statistiques.

Dans un autre domaine, l’Afrique compte depuis quelques mois quatre agences de notation (WARA et Bloomfield Investment Corporation en Côte d’Ivoire, Agusto, au Nigeria et Global Credit Rating co en Afrique du Sud).

Web participatif

Les réseaux sociaux sont de plus en plus plébiscités sur le continent africain : 146,6 millions d’internautes africains sont inscrits sur Facebook (avec une croissance de 15%) et LinkedIn connaît une progression de 25% (avec l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte, le Maroc et le Kenya dans le top 5 des pays africains qui utilisent ce réseau).

Depuis quelques décennies maintenant, nous avançons dans la société dite de l’information et à l’heure de l’économie participative, chacun peut à la fois contribuer à la diffusion et à la collecte d’information. Il reste alors au continent à investir le champ du Web participatif où chacun peut contribuer. Il s’agit alors de sensibiliser chacun pour qu’il participe à son niveau pour publier une tribune, écrive un article, modifie Wikipédia, etc.

Avec les tendances démographiques actuelles, d’ici 35 ans, 25 % de la population mondiale sera africaine et une grande partie de la jeunesse mondiale. Voilà donc le double défi que le continent doit relever : produire de la connaissance et la diffuser sur Internet.

 François Jeanne-Beylot, Gérant Fondateur de TROOVER 

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Etat des lieux de l’IE au Congo http://afriqu.es/etat-lieux-de-lie-congo/ http://afriqu.es/etat-lieux-de-lie-congo/#respond Wed, 12 Jul 2017 10:20:27 +0000 http://afriqu.es/?p=817 1. Quelles sont les spécificités de l’intelligence économique dans votre pays ? Dresser un panorama de l’intelligence économique (IE) au Congo est un exercice complexe. Car il faut pouvoir rendre compte d’un contexte globalement marqué par l’hyper politisation des centres de décisions. A ce jour l’information sert : à l’usage exclusivement défensif (les services de renseignement, ...

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1. Quelles sont les spécificités de l’intelligence économique dans votre pays ?

Dresser un panorama de l’intelligence économique (IE) au Congo est un exercice complexe. Car il faut pouvoir rendre compte d’un contexte globalement marqué par l’hyper politisation des centres de décisions. A ce jour l’information sert :

  • à l’usage exclusivement défensif (les services de renseignement, de sureté et de contre-espionnage)
  • d’instrument d’influence et de lobbying sur le plan extérieur de manière ponctuelle et intérieur en cas de conflit, de crise post électorale, de support aux stratégies indirectes et ruses politiques,

En dehors l’Afrique du Sud, la Libye, Maurice, le Nigeria, le Rwanda et, de Algérie et du Maroc les services de renseignement absorbés par l’anticipation et la gestion des troubles à l’ordre public ainsi que la surveillance de « l’ennemi intérieur ». Au Congo  N’ayant pas de véritable corps d’entrepreneur ni de d’élites des affaires qui se seraient senti en danger, nous en sommes encore malheureusement  scotché dans cette logique. les services de renseignements y consacré 70 à 80% de leurs budgets.

Au Congo-Brazzaville, pays pourtant au centre de la nouvelle géopolitique pétrolière et des stratégies de développement des majors -chose curieuse- les batailles qui se livrent du fait de la nécessaire diversification des sources d’approvisionnement des pays occidentaux, de la Chine, de l’Inde et autres pays émergent comme l’Iran ou la Turquie, bien que donnant au Congo-Brazzaville,  une importance stratégique de premier ordre en Afrique Centrale, n’ont pas permis aux élites :

  • de définir une vision ou pensée stratégique
  • d’identifier les politiques et stratégies mises en place par nos « alliés traditionnels » visant l’acquisition de nos matières premières au prix fixé par…l’acheteur.

 Très loin de la prise de conscience minimal permettant de discerner que nous somme engagé de gré ou de force dans une guerre économique que nous ne comprenions même pas et pour laquelle nous  ne disposant  pas des moyens minimum pour y de faire face.

Face aux nouveaux enjeux mondiaux, seule subsiste des réflexes et des postures stratégiques héritage des années marxistes et de la pensée qui imprégnait les dirigeants du parti état : pays de la ligne de front.

A ce jour  il ne se dégage pas de pensée stratégique claire ni affirmée, même si on sent ici et là à travers certains discours une volonté de puissance, notamment dans la diplomatie.

Pour ce qui est de la sphère économique :

La fonction stratégique de l’Etat n’étant pas identifiée ni peut être même conçue, les  décideurs économiques nationaux consanguin de la sphére politique ne peut qu’être  aveugles sans réflexion et prospective sur les enjeux commerciaux de demain et pire sur ceux qui font leur quotidien. Ils  ont à peine les tactiques et astuces  pour survivre localement.

Sous l’impulsion des multinationales, en prise avec une forte  pression de leurs opinions publiques nationales quant à leurs responsabilités dans le réel impact économique de leur présence dans le pays. Le gouvernement a initié une politiques qui se veut vision stratégique et patriotisme économique : Local content. L’obligation pour les multinationales de donner la primauté à des entreprises congolaise quand il s’agit de leurs fournisseurs.

 2. Quelles sont les initiatives en intelligence économique existantes (privées ou publiques) ?

L’appropriation de l’intelligence économique par l’Etat ou les entreprises congolaises est encore peu visible. Globalement, la ”culture manageriale’ n’est pas tres ouverte a ce Mode de Gouvernance. Quelques cours sont dispensés depuis 2015 à l’Institut Superieur de Gestion (ISG-Universite Marien Ngouabi). Une Cellule d’IE avait ete mise en place a la Direction Generale de l’Economie. Elle a ete dissoute apres qu’on ai nomme un nouveau Directeur General (2013).

Les seuls signes se lisent à travers  leur rapport aux grands groupes internationaux qui y opèrent tel que Bolloré. Ce dernier occupe une place de choix malgré le recul de l’influence française. Bolloré couvre des domaines stratégiques : transports maritimes et ferroviaires, la logistique minière, industrielle et pétrolière et gestion de nombreux terminaux à conteneurs  d’Abidjan à  Pointe-Noire au Congo Quand filtre l’axiome « l’Afrique est comme une île reliée au monde par les mers. Donc qui tient les grues tient le continent. »Il ya oblige alors dans un reflexe de protection, une remise en question soulevé les positions acquises par les multinationales qui, inquiètent quant à sa souveraineté et sa liberté d’action futur. Cependant cette prise de conscience se heurte à nombres de limites structurelles et culturelles.

  • culture de l’information insuffisante et absence de partage de l’information (information is power)
  • Absence de stratégie globale et transversale au niveau de l’Etat et des entreprises
  • Difficulté d’accès à l’information professionnelle pour l’ensemble des acteurs économiques, voire politiques
  • Manque d’intérêt à tous les niveaux de décision stratégique, pour l’évaluation, l’analyse fonctionnelle ou la réflexion stratégique

On tant qu’acteur de l’IE au Congo j’estime encore aujourd’hui que les ¾ des clients sont des entreprises étrangères, le reste se partageant entre ONG internationales et 20% seulement sont des entreprises et des administrations d’Etat africains. En attendant la prise en compte de l’émergence de « l’intelligence économique à l’africaine », force est de constater que l’attitude de l’ Etats et des entreprises congolaise est périlleuse.

3. Comment la communauté de l’intelligence économique est organisée dans le pays (association, syndicat, rendez-vous, événements, etc.) ?

“L’intelligence est un outil de connexion entre l’action et le savoir de l’entreprise, des collectivités, et de l’Etat” or au Congo a ce jour et ce en dépit des nouveaux enjeux mondiaux, la pensée stratégique propre, comme on l’a déjà dit  tarde à se faire connaître.

Sur le plan de la sphère économique, l’élite économique qui se dégage est fortement marqué par les schéma de survie autarcique du monopartisme marxiste   qui a pour longtemps imprégné l’ADN entrepreneuriale. Donc  la fonction stratégique de l’Etat est inconnue des décideurs économiques en dehors de celle de distributeur de marchés publiques.

Les slogans existent, l’action consistant  la définition des secteurs d’activités stratégiques en terme de souveraineté, d’influence, et de défense d’intérêts économiques pas vraiment élaboré hormis en terme de posture. Dans le style , La dernière mode, le dernier gimmick  managérial .Par ricochet nos entreprises sont aveugles sans réflexion et prospective sur les enjeux commerciaux de demain. Uniquement préoccupé par leur routine quotidienne leur donnant l’illusion de maitriser leur environnement.

Nous sommes au seuil de digérer  la faiblesse  et l’insuffisance de notre  culture de l’information. Aux dernières nouvelles, il n’y a pas a proprement parler de communautés identifiées travaillant sur les logiques d’IE au Congo. En arrivant il y’a huit ans Congo je n’ai pas été surpris de débarquer en extra terrestre cela d’autant plus que en France déjà nous étions ainsi perçu.

Nous sommes toujours, figée dans l’aspect sécuritaire, il ne se dégage pas d’initiatives ni de réflexion stratégique claire ni affirmée, même si on commence à entrevoir des initiatives individuels de production de savoir et d’interpelation des acteurs politiques et economiques.

Au Congo l’information est considérée comme un produit marchand mais pas comme un service créateur de haute valeur ajoutée et d’emploi. Donc pour l’Etat  comme pour les entreprisses passer de gestionnaire à  stratège est difficile  et cela représente une chance pour les acteurs africains de l’IE au Congo ?

Le sentiment de grogne populaire en réaction à la perception que l’économie est aux mains de capitaux et intérêts étrangers pousse à des postures de « patriotisme économique »   qui semble emmener consommateurs,  entreprises et pouvoirs publics à favoriser les biens ou les services congolais.

Ceci aussi bien du point de vue étatique que la place de l’Afrique reste marginale dans l’économie de la connaissance. Nous ne générons pas assez savoirs et lorsqu’il en existe, l’Afrique ne met pas assez l’accent sur les initiatives propres au continent ou sur les acteurs Africains. La nature ayant horreur du vide, c’est donc les autres qui parlent à notre place.

4.Quelles sont les formations (initiales et continues) qui existent dans le pays ?

Quoi qu’en en dise, aujourd’hui l’IE au congo en est encore au stade de la sensibilisation. le marché de la formation en intelligence économique est relativement vierge comparé à d’autres pays ou se structurent réellement cet enseignement (Cameroun,  au Sénégal,  d’Alger. Maroc… troisièmes cycles spécialisés,  ateliers de formation, ou  modules transversaux, il n’y a pas de formations structuré à ma connaissance    en dehors d’IE a l’Institut Supérieur de Gestion (ISG-Universite Marien Ngouabi.

 A peine des les initiatives privées de sensibilisation aux problématiques d’IE. Toutefois une initiative importante a été mise en chantier sur la ville de pointe noire. On en effet, avec l’appui de la future université du littoral selon son nom de code temporaire, un travail sur la convergence sur des logiques de Knowledge and performance management sont en cours de travaux.

Donc pour paraphraser un collègue, savoir comment le Congo va prendre le train de l’intelligence économique reste un vrai sujet de discussion parmi les professionnels africains.  Aucu modèle n’émerge, hormis la nécessité de produire une intelligence compétitive qui colle aux réalités africaines dont l’impérative maitrise des enjeux des matières premières, richesses non éternelles et source des convoitises étrangères.

5. Quelles sont les synergies qui existent en intelligence économique dans votre pays ? Avec quel(s) autre(s) pays ?

Depuis 2008, les« réalités africaines » sont sous traité a des acteurs locaux de maniére générale en afrique. Cette approche a poussé les acteurs africains travaillants sur ces zones a se prendre en main et à imposer leur vision de la discipline et de ses enjeux locaux particuliers ou specifiques.

En effet toute mes réflexions qui ont été mené jusqu’alors parte du point de vue de l’orthodoxie de la discipline pour regarder les enjeux et défis a relever en Afrique. Sans vouloir rejouer les particularismes chères à nous autres africains des réalités du terrain, on est tout de même obligé de convenir que l’environnement est particulier en Afrique.

Pour ce qui est du Congo  la faiblesse organisationnelle de la société civile en tant que caisse de résonnance, le modèle économique qui fait de l’Etat l’acteur principale de l’economie pour sa portion structure et intégrée, la prédominance du secteur informationnel font que les logiques d’IE se limitent souvent a des actions ou plutôt des réactions tactiques visant a devancer un adversaire plutôt qu’en stratégie d’influence visant une position de puissance. On privilégie ainsi beaucoup le relationnel et l’entregent.

Ainsi donc la discipline est elle encore dans la pédagogie du…se faire connaitre et donc le plus important à ce stade est d’interessé nos interlocuteurs sur :

  • ce qu’on leur épargne…en dépense et frais
  • ce qu’ils peuvent gagner comme marchés donc fonds en utilisant une approche D’IE.

6.Quel(s) conseil(s), retours d’expérience, recommandations et/ou bonne(s) pratique(s) souhaiteriez vous partager ?

  •  La gestion informationnelle et du savoir  au niveau des entreprises pour ce qui regarde la gestion des compétences et des carrières dans est  à mon sens primordiale. Nombre d’entreprises déversent beaucoup d’employés expates sur le continent et consacre de gros budgets à la formations du personnel local. Cependant rien n’est fait pour gérer ou capitaliser sur tout ceci ainsi que  la transmission des compétences, expertise et experience terrain des anciens ou même des personnels aguerris au terrain, en interne . c’est ainsi un gros capital de connaissance du marché qui s’évapore chaque année. Avec un environnement de plus en plus concurrentiel et en constante mutation, ce sont des grandes ressources dilapidé au profit de la concurrence qui ne se fait prier pour débaucher. J’ai ainsi vue des ingénieurs sur des plates formes pétrolières changer de compagnie  trois fois en un an alors que des milliers de Dollars avaient été dépensés pour les former et les rendre compétents. Sachant qu’ils passent en général quatre semaines calculez le turnover.
  • Par ailleurs se pose  aussi la responsabilité sociale des entreprises.  Devant le retard pris, sur le développement du tissu entrepreneurial local, certains cercles ont pris sur eux de promouvoir le local content, contenu local.

En deux mots c’est faire monter par le biais de la sous-traitance des savoir faire et des capitaux locaux sur certaines logiques en imposant aux multinationales de faire des partenariats avec les entrepreneurs locaux ;

Le seul souci étant que cet outil mal piloter au lieu de s’inscrire dans une logique d’accroissement de la puissance d’état, de transfert de savoir et de technologies…devient un autre moyen de « mafialisation » de l’économie.

Une partie des nomenklaturas peuvent être emmenés à  caporaliser les ouvertures ainsi obtenues et les multinationales a peu de frais se payeront bonne conscience et s’extirpant de la responsabilité morale et sociale de leur activités.

En effet pour la problématiques d’accroissement des compétences ou de gestions des carrières , les sous traitant locaux ne s’embarrassent pas des détails consistant a développer les ressources humaines, mais juste la captations de la manne que reversent pour les services les multinationales  en exploitant la mains d’œuvre local car les structures d’encadrements sociales(inspections du travail, syndicat) ne répondent pas. Même si elles sont présentes, elles se feront intimider ou corrompre. A terme c’est une grosse épée de Damoclès sur les multinationales car elles restent solidaires et responsables de ce que font leurs fournisseurs, dans leur pays mais aussi sur place.

Chris Boukambou

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Veille Connect : l’animation de la communauté de veille au Maroc http://afriqu.es/veille-connect-lanimation-de-communaute-de-veille-maroc/ http://afriqu.es/veille-connect-lanimation-de-communaute-de-veille-maroc/#respond Tue, 25 Apr 2017 15:55:17 +0000 http://afriqu.es/?p=154 Sindup organisait le 31 mars 2016, la première soirée Veille Connect à Casablanca, un moment de rencontre permettant aux professionnels de la veille de partager retours d’expérience et visions des tendances et des bonnes pratiques. Le lancement de la première soirée Veille Connect s’inscrit dans une approche de développement en Afrique du nord, et notamment ...

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Photo 1Sindup organisait le 31 mars 2016, la première soirée Veille Connect à Casablanca, un moment de rencontre permettant aux professionnels de la veille de partager retours d’expérience et visions des tendances et des bonnes pratiques.

Le lancement de la première soirée Veille Connect s’inscrit dans une approche de développement en Afrique du nord, et notamment le Maroc, où une dynamique autour de la veille et de l’Intelligence Economique monte en puissance. Les pratiques de veille demeurent peu structurées au sein des PME, mais de nombreux dispositifs ont été mis en place pour encourager une professionnalisation de la veille. Dans cet esprit la collaboration avec les écoles et universités a pour objectif de contribuer à la formation des étudiants aux nouveaux outils dans un objectif de déployer les bonnes pratiques au sein de leurs futures entreprises.  La soirée a commencé avec les interventions de Mohamed Benabid, rédacteur en chef de L’Economiste, nous partageant son expérience des pratiques de veille et d’Intelligence Economique dans les médias. Puis Mouna Haddani, consultante en veille stratégique a partagé sa vision des pratiques de veille et d’Intelligence Economique au Maroc.

« Un portrait des pratiques de veille et d’Intelligence Economique au Maroc » –  Par Mouna Haddani

La communication du 31 mars 2016 à Veille Connect Casablanca a porté sur la présentation des résultats d’une enquête dressant un portrait des pratiques de Veille et d’Intelligence économique (IE) d’un échantillon d’entreprises marocaines, de toutes tailles et de tous secteurs.

De ces expériences accumulées, il ressort qu’en matière d’intelligence économique, les modes de pensée et d’action sont diversifiées et dépendent largement de la culture, de la structure et de la taille de l’entreprise.

Dans les PME, les pratiques d’IE sont généralement informelles et l’information demeure non structurée. Les budgets alloués, les ressources humaines, l’organisation et les outils dédiés à l’IE font aussi défaut.

Quant aux grandes structures, les activités d’IE se caractérisent par un niveau de reconnaissance important, un niveau d’organisation élevé et une inégalité de maturité quant à l’utilisation des outils de veille. Toutefois, la plupart d’entre elles souffrent d’une surveillance des sources électroniques non optimale, une forte allocation des ressources pour la production des livrables, une maîtrise délicate de la prise en compte des sources informelles en plus de l’absence des indicateurs de performance pour mesurer la contribution de la veille dans les performances de l’entreprise.

De surcroit, un tour d’horizon des retours d’expérience de structures marocaines ayant réussi à développer une compétitivité informationnelle, dévoile la mise en place de quelques pratiques innovantes, notamment en matière de travail collaboratif, de pérennité du dispositif d’IE et, aussi et surtout, en matière de complémentarité des canaux d’informations dans une approche d’aide à la décision.

Les soirées Veille Connect sont organisées depuis 3 ans dans différentes villes et sur 3 continents (Europe, Amérique du Nord et Afrique). Mickaël Réault, organisateur des soirées Veille Connect et fondateur de la plateforme de veille stratégique Sindup, a créé le concept afin d’animer l’écosystème et encourager le partage de bonnes pratiques et de retours d’expérience entre les professionnels de la veille.

www.veille-connect.fr
www.sindup.com

 

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